Vol d’Uluru à Perth et conférence sur la Sagesse de donner et recevoir
14 juin 2015
Perth, Australie Occidentale, Australie, 14 juin 2015 – Le ciel était radieux et dégagé lorsque Sa Sainteté le Dalaï Lama s’est dirigé vers l’aéroport d’Uluru pour rejoindre Perth. De nombreux Tibétains avaient fait le déplacement pour lui faire leurs adieux.
Une vue d’avion de la formation rocheuse d’Uluru lors du vol effectué par Sa Sainteté entre Uluru (Territoire du Nord) et Perth (WA), en Australie le 14 juin 2015. Photo/Jeremy Russell/OHHDL |
Peu après le décollage, l’avion a effectué un virage et révélé de superbes vues sur la formation rocheuse d’Uluru éclairée par la lumière matinale. Après presque trois heures de vol, Sa Sainteté a atterri à Perth et directement rejoint son hôtel sur les rives du fleuve Swan.
Après le déjeuner, Sa Sainteté a été conduit au Perth Arena où il devait s’adresser à un public de 12 000 personnes. Rick Ardon, un présentateur de la chaîne Seven News, a invité les membres de la communauté Whadjuk à effectuer une danse de bienvenue. Suzie Mathers, actrice originaire de Perth, a alors présenté Sa Sainteté à sa montée sur la scène. Le public l’a chaleureusement acclamé.
« Mes frères et mes sœurs, » a-t-il commencé, « c’est un grand honneur pour moi de pouvoir partager quelques-unes de mes expériences avec vous. Lorsque je parle en public, je me considère toujours comme un être humain identique à vous. C’est sur cette base que ce que je dis peut avoir du sens pour vous. Les 7 milliards d’êtres humains actuellement sur Terre sont identiques du point de vue mental, physique et émotionnel. Je fais également face à des situations susceptibles de perturber l’esprit, mais quand cette perturbation est sur le point de se produire, je peux recourir à une autre partie de l’esprit pour le pacifier. Nous avons tous un cerveau similaire et nous avons tous le potentiel de faire cela. »
« Nous souhaitons tous être heureux et éviter la souffrance, et nous avons tous le droit d’être heureux. C’est pourquoi je dis que nous sommes tous pareils. »
Sa Sainteté le Dalaï Lama entouré des danseurs indigènes qui se sont produits sur scène avant sa conférence au Perth Arena de Perth, WA, Australie, le 14 juin 2015. Photo/Jeremy Russell/OHHDL |
Sa Sainteté a expliqué comment il avait perdu sa liberté à l’âge de 16 ans, lorsqu’il a été appelé à prendre la responsabilité du Tibet, puis perdu son pays à l’âge de 24 ans. Cela fait donc 56 ans qu’il vit comme un réfugié. Mais lui et ses compatriotes tibétains ont reçu une aide immense du gouvernement indien et s’en sont plutôt bien sortis par rapport à d’autres communautés de réfugiés. La situation au Tibet n’en demeure pas moins triste.
« L’un des aspects de notre extraordinaire cerveau humain, » a-t-il expliqué « est notre capacité à prendre de la distance sur les événements. Ce qui semble une tragédie à première vue peut en réalité s’avérer utile, pris sous un autre angle. Les personnes qui maintiennent leur force intérieure lorsqu’elles traversent des difficultés ont tendance à être plus réalistes. J’ai remarqué que la génération qui a survécu à la Seconde Guerre Mondiale en Europe est plus forte d’une certaine manière que les plus jeunes. Il est clair que combiner les capacités de notre cerveau et le bon coeur peut nous aider à mener une vie plus heureuse et plus paisible. La paix intérieure permet de supporter les expériences douloureuses et stressantes. »
Il a mentionné qu’il avait réussi à se défaire d’un grand nombre de formalités, en soulignant que prendre les choses avec tranquillité et moins de formalisme permet d’être plus ouverts et honnêtes les uns avec les autres. Il a expliqué que rencontrer tous types de gens, des personnes ordinaires, des dévots spirituels, des non-croyants, des professionnels et des scientifiques, avait enrichi sa propre pratique. Rencontrer une grande diversité de gens à travers le monde lui a aussi montré que la plupart de nos problèmes sont le fruit de notre propre création. Face au changement climatique et à la mondialisation de l’économie qui nous affectent maintenant tous, nous devons développer un sens de l’unité de l’humanité.
Sa Sainteté le Dalaï Lama pendant sa conférence sur la Sagesse de donner et recevoir au Perth Arena à Perth, WA, Australie, le 14 juin 2015. Photo/Rusty Stewart |
« Nous avons avant tout besoin de la paix de l’esprit. Lorsque le médecin nous conseille de nous détendre, cela veut dire être calme, pacifier notre esprit agité et éliminer le stress. Il doit y avoir des supermarchés ici à Perth, mais l’un d’entre eux vend-il la paix de l’esprit ? Si je sortais en criant que je veux acheter de la paix de l’esprit, les gens me prendraient pour un fou. La clé de la paix de l’esprit est à l’intérieur, nous recherchons pourtant toujours le bonheur et la satisfaction en dehors de nous-mêmes. »
« Pour créer une humanité plus heureuse, nous devons prêter davantage attention à nos valeurs intérieures, que nous soyons religieux ou non. Nos systèmes d’éducation étant orientés vers le matérialisme, nous devons trouver des façons d’intégrer davantage les valeurs humaines et l’intérêt pour les autres à nos systèmes éducatifs. La base simple sur laquelle reposent ces valeurs intérieures, ce sont la gentillesse et le bon sens. Réfléchissez-y et si cela vous semble utile, faites-le. »
Répondant aux questions du public, Sa Sainteté a procédé à une distinction entre éthique et tradition religieuse, suggérant que l’éthique est essentiellement le message commun de l’amour et qu’il est possible d’éduquer les gens à l’éthique, qu’ils aient ou non une foi particulière. C’est pourquoi, a-t-il remarqué, nous avons besoin d’une éthique séculière, de valeurs fondées sur un respect impartial de toutes les religions, comme le fait la société multiconfessionnelle de l’Inde depuis des siècles. Nous ne parlons pas d’une vie future dans un paradis ou une terre pure, mais de la vie ici et maintenant.
Sa Sainteté le Dalaï Lama répondant aux questions du public pendant sa conférence au Perth Arena à Perth, WA, Australie, le 14 juin 2015. Photo/Jeremy Russell/OHHDL |
Interrogé sur ce qu’il pensait des histoires relatant que Jésus-Christ aurait étudié le bouddhisme en Inde, Sa Sainteté a indiqué qu’il y avait en effet des histoires évoquant l’existence d’un manuscrit suggérant cela au monastère d’Hemis au Ladakh. Cependant, le texte n’a jamais été trouvé.
Une question sur la façon de gérer l’ego a amené Sa Sainteté à clarifier que si l’égocentrisme est une source de problèmes, il faut néanmoins avoir un puissant sens de sa valeur si l’on veut développer un altruisme infini. Développer un intérêt altruiste pour les autres nécessite de la force, ce qui est important à garder à l’esprit dans un monde où des gens s’entretuent au nom de la religion.
« Le XXe siècle a été une époque d’immense violence, nous devrions essayer de faire du XXIe siècle une ère de paix dans laquelle les conflits sont résolus par le dialogue. Nous sommes par nature égoïstes, mais nous devons être sagement égoïstes et avoir de la considération pour autrui, au lieu d’être stupidement égoïstes et ne penser qu’à nous-mêmes. »
Interrogé sur la possibilité de pardonner ou non aux terroristes, Sa Sainteté a répondu :
« À long terme, le pardon est la seule réponse. Mais cela ne signifie pas qu’il faut accepter les actions malveillantes. Pardonner veut dire ne pas s’abandonner à la colère. Il ne faut pas confondre l’auteur et l’action : opposez-vous à l’action, mais n’abandonnez pas la compassion envers son auteur. »
Enfin, il a été demandé à Sa Sainteté de quoi les gens ont besoin pour que le monde puisse véritablement vivre en paix :
Quelques membres du public de plus de 12 000 personnes assistant à la conférence de Sa Sainteté au Perth Arena à Perth, WA, Australie le 14 juin 2015. Photo/Jeremy Russell/OHHDL |
« La paix intérieure. La paix qui vient de l’intérieur. La paix peut se cultiver par l’entraînement mais il faut commencer au niveau de l’individu. Elle ne commencera pas avec les gouvernements ou les institutions comme l’ONU. Lorsque vous vous détendez au soleil, parlez de paix intérieure au lieu de bavarder à tort et à travers. La paix dans le monde dépend de la paix des individus, chacun d’entre nous doit donc essayer de la trouver. »
« C’est la dernière conférence de cette visite. Je repars demain mais vos problèmes resteront ici avec vous. Pour tenter de les résoudre, cherchez conseil dans votre esprit et votre cœur. C’est ce que je fais. »
Rob Keldoulis, Président du Comité des organisateurs de cette tournée, le Dalaï Lama en Australie (DLIA) s’est avancé pour présenter un bref rapport. Alors qu’il commençait à expliquer que Sa Sainteté ne prend aucun honoraire pour les enseignements, ce dernier est intervenu :
« Il y a de nombreuses années, j’ai entendu parler d’un lama qui s’appelait Tseley Rangdol. Il avait pris trois engagements concernant son enseignement : ne pas se déplacer à cheval de lieu en lieu, être strictement végétarien et n’accepter aucun paiement. Cela m’a marqué et j’ai décidé de n’accepter aucun paiement pour les enseignements. »
M. Keldoulis a continué à résumer les activités de Sa Sainteté au cours de cette tournée, soulignant qu’il s’était adressé à 20 000 personnes lors de 13 rencontres en 12 jours. Il a mentionné qu’un bénéfice de 100 000 $, résultant principalement de la vente de billets, serait donné à des causes charitables. Il a annoncé que les comptes seraient publiés sur le site web de DLIA et soumis au Bureau de Sa Sainteté le Dalaï Lama.
Suzie Mathers et Jemma Rix chantant Joyeux anniversaire à Sa Sainteté le Dalaï Lama au terme de sa conférence à Perth, WA, Australie le 14 juin 2015. Photo/Rusty Stewart |
Lynn Bain, Manager de DLIA, a alors souhaité un joyeux anniversaire à Sa Sainteté, en avance de deux semaines sur la vraie date. Elle lui a remis un livre contenant des messages envoyés par 2000 personnes de toute l’Australie. Suzie Mathers et Jemma Rix, qui sont actuellement toutes deux à l’affiche du spectacle « Wicked » à Perth, ont guidé le public pour chanter Joyeux anniversaire à Sa Sainteté et enchaîné avec une chanson tirée de leur spectacle qui se termine par :
« Grâce à notre rencontre…
Je suis devenu meilleur… »
Les applaudissements ont fusé du public.