Sa Sainteté le Dalaï Lama arrive en Australie
Leura, Blue Mountains, NSW, Australie, 4 juin 2015
Les routes de Delhi étaient mouillées de pluie et l’air était plus clair et plus frais que les jours précédents quand Sa Sainteté le Dalaï Lama partit pour l’aéroport hier matin en partance pour l’Australie. Après un vol sans histoire jusqu’à Singapour, des représentants de la Haute Commission Indienne l’accueillirent à son arrivée.
Peu de temps après, il s’envolait pour Sydney où il arriva juste avant l’aube. Ici encore, des représentants de la Haute Commission Indienne et des organisateurs de « Dalaï Lama in Australia » étaient là pour l’accueillir. Tandis que Sa Sainteté traversait l’aéroport, les personnes présentes le saluèrent avec une joie manifeste.
Sa Sainteté donna une courte interview à Waleed Aly, co-présentateur des infos à Network Ten et du programme télé des affaires courantes « The Project ». Aly le congratula à l’occasion de son 80e anniversaire et lui demanda ce qu’il faisait en une telle circonstance.
« Le mois dernier, nous avons fait une petite fête avec l’archevêque Desmond Tutu au Village d’Enfants Tibétains à Dharamsala » répondit Sa Sainteté. « Ils avaient fait un gâteau et il m’a montré comment souffler les bougies. Généralement, pour un bouddhiste, un anniversaire ne signifie pas grand chose. Ce qui est plus important, c’est d’utiliser son temps de manière utile. »
Aly ayant suggéré que Sa Sainteté avait déjà atteint le nirvana, Sa Sainteté s’exclama :
« Non, non, il y a des bodhisattvas supérieurs qui ne souffrent plus en raison de leur propre karma, mais je n’ai pas encore atteint ce stade. Par exemple, il m’arrive encore de perdre patience. »
Et quand Aly lui demanda d’expliquer quand cela se produisait, Sa Sainteté répondit en riant : « Si vous me posez une question stupide. »
Aly demanda quel était le but de la religion dans le monde d’aujourd’hui. Sa Sainteté répondit que la religion est un instrument pour entraîner notre esprit et mettre en place la paix intérieure. Il fit remarquer que toutes les traditions religieuses importantes parlent d’amour, de compassion et de pardon et que, contrairement à ce que pensent certains, la colère et la haine sont des signes de faiblesse tandis que la paix intérieure est un signe de force. Il ajouta que la croyance en Dieu peut être une source puissante de paix intérieure. Cependant, dans un monde où un milliard sur les 7 milliards d’êtres humains vivants aujourd’hui n’ont aucune croyance religieuse, ce qui est important à retenir c’est notre but commun : être de bons êtres humains. En tant qu’animaux sociaux, nous devons faire preuve d’amour et d’affection les uns pour les autres.
Interrogé sur la manière d’appliquer ces principes en relation avec des personnes qui ne méritent pas le respect, tels que les groupes extrêmement violents comme ISIS ou ISIL, Sa Sainteté reconnut que la situation est très difficile à gérer parce que ces gens sont déjà la proie d’émotions extrêmement négatives. Mais il mit l’accent sur le fait que nous devons être convaincus de la nécessité de former les générations futures en éthique séculière et valeurs humaines, sur la base de nos expériences communes et des découvertes scientifiques, afin de prévenir l’éruption de telles émotions à l’avenir. Quand on lui demanda si cela signifiait adopter une attitude inactive, Sa Sainteté expliqua que le problème avec l’usage de la violence c’est qu’inévitablement cela débouche sur encore plus de violence. Il insista pour dire qu’il fallait trouver le moyen de parler avec ces gens, de leur demander pourquoi ils ont une colère et une peur si puissantes.
Aly demanda si Sa Sainteté envisageait de donner des conseils au Premier Ministre australien, Tony Abbott. A cela, Sa Sainteté répondit en riant que l’une des préoccupations principales du Premier Ministre était sans doute l’économie et que c’était là un sujet auquel il ne connaissait rien. Mais il insista sur l’urgence d’un développement économique capable d’aider les pauvres partout dans le monde, citant en exemple les 2.000 personnes récemment décédées en Inde au cours de la vague de chaleur.
« C’étaient des gens pauvres, des gens qui n’avaient nulle part où aller. Nous devons développer l’économie afin d’améliorer la situation pour ce type de personnes. »
Environ 200 Tibétains s’étaient rassemblés dans le hall de l’aéroport pour saluer Sa Sainteté dès qu’il ferait son apparition. Il reçut un accueil traditionnel et le « Tchéma Tchangpou ». Il échangea quelques mots et serra la main de nombreux vieux amis tout en se dirigeant vers la porte. Sous un ciel bleu éclatant, il monta dans la voiture qui devait le conduire jusqu’à Blue Mountains, distant d’une heure et demie. A son arrivée à Leura, environ 150 Tibétains, dont beaucoup avaient revêtu le costume traditionnel, portant drapeaux et bannières, et d’autres venus pour participer aux enseignements prévus, étaient rassemblés pour l’accueillir chaleureusement.
Demain débutera le cycle de cinq jours d’enseignements sur Guhyasamaja, qui commencera avec une initiation de Vajrabhairava.